Elsevier

Antibiotiques

Volume 10, Issue 3, September 2008, Pages 115-127
Antibiotiques

Pathologie infectieuse
La nocardiose, une maladie en expansionNocardiosis, an expanding disease

https://doi.org/10.1016/j.antib.2008.06.002Get rights and content

Résumé

Objectifs

Décrire la maladie, ses agents pathogènes et la place grandissante d’une pathologie dont l’épidémiologie évolue, simultanément aux progrès des techniques d’identification.

Clinique, épidémiologie

La nocardiose est une infection granulomateuse et suppurative, localisée ou disséminée, qui résulte généralement de l’inhalation des germes et, plus rarement, de la contamination d’une plaie. De moins en moins rare, elle affecte principalement les sujets immunodéprimés, mais l’observation de cas en l’absence apparente de facteur prédisposant n’est pas inhabituelle. Un lien entre certaines souches de Nocardia et des cas de maladie de Parkinson n’est pas à exclure. L’épidémiologie a été complètement modifiée ces dernières années et les espèces responsables sont, aujourd’hui, dans 80 à 90 % des cas N. abscessus et N. cyriacigeorgica (anciennement associées sous le nom de N. asteroides type VI), N. farcinica, N. nova et plus rarement, N. brasiliensis, N. otitidiscaviarum, auxquelles il faut ajouter les nouvelles espèces récemment découvertes : N. veterana, N. paucivorans, etc.

Identification, sensibilité aux antibiotiques, traitement

L’identification précise n’est maintenant envisageable qu’à l’aide des techniques de biologie moléculaire les plus modernes. L’association imipénème plus amikacine par voie intraveineuse dans le traitement initial de l’infection peut être recommandée en première intention, associée ou non au cotrimoxazole qui sera ensuite dans la majorité des cas utilisé en relais per os pendant plusieurs mois. Les formes cutanées primaires nécessitent un traitement d’au moins trois mois ; les formes pulmonaires imposent classiquement un traitement de six mois ; les formes disséminées et les patients présentant une immunodépression exigent des traitements d’au moins 12 mois pouvant parfois être prolongés à vie.

Summary

Objectives

To describe the disease, its infecting agents and the increasing incidence of a pathology whose epidemiology is evolving simultaneously with improvements in identification technologies.

Clinical profile, epidemiology

Nocardiosis is a granulomatous and suppurative infection, localized or disseminated, which generally results from inhalation of the germs and, more rarely, contamination of a wound. Less and less rare, it affects mainly the immunosuppressed subjects but the observation of cases in the apparent absence of a predisposing factor is not unusual. A relationship between some strains of Nocardia and cases of Parkinson's disease is not to be excluded. The epidemiology was completely modified these last years and the causative species are in 80 to 90 % of cases N. abscessus and N. cyriacigeorgica (in the past associated under the name of N. asteroides type VI), N. farcinica, N. nova and, more rarely, N. brasiliensis, N. otitidiscaviarum, to which it is necessary to add the new species recently discovered: N. veterana, N. paucivorans, etc.

Identification, antibiotic susceptibility, treatment

The precise identification is now possible only using the most modern techniques of molecular biology. Association of imipenem plus amikacine by intravenous route at the beginning of the infection can be recommended in first intention, associated or not with cotrimoxazole which will then be, in the majority of cases, used alone per os during several months. The primary cutaneous forms require a treatment of at least 3 months; the pulmonary forms classically impose a 6-month treatment; the disseminated forms and the patients presenting an immunosupression require treatments of at least 12 months, which can sometimes be prolonged for life.

Section snippets

Influence de l’âge, du sexe et de l’ethnie

La nocardiose apparaît comme une infection de l’adulte dans la seconde partie de sa vie puisque 75 % des patients ont plus de 50 ans et presque aussi souvent chez l’homme que chez la femme.

Les facteurs ethniques ne semblent pas exercer d’influence.

Facteurs de prédisposition

Les patients soumis à une immunosuppression primaire ou secondaire sont particulièrement prédisposés aux infections à Nocardia [12]. En France, la corticothérapie au long cours apparaît comme le principal facteur de prédisposition puisqu’elle est

Classification des Nocardia

Les Nocardia sont classiquement rapprochés d’autres genres d’Actinomycètes dits nocardioformes (Rhodococcus, Faenia, Pseudonocardia, Saccharomonospora, Saccharopolyspora, Actinopolyspora, Amycolata, Amycolatopsis, Oerskovia, Promicromonospora, Nocardioides, Intrasporangium) en raison de leurs caractéristiques morphologiques (mycélium primaire, aérien et fugace, se fragmentant en éléments bacillaires et coccoïdes). À l’exception de Rhodococcus, ces genres ne sont proches du genre Nocardia, ni

Diagnostic

La nocardiose souffre d’un indice de suspicion faible. En fait, le diagnostic devrait être évoqué devant un certain nombre de signes cliniques non spécifiques, comme une maladie fébrile suppurative ou une image radiologique pulmonaire pathologique, au même titre que des infections bactériennes et virales courantes, de la tuberculose et des infections fongiques opportunistes, et ce, d’autant plus que les patients présentent un système immunitaire altéré à la suite d’un traitement médicamenteux

Thérapeutiques

Il existe une bonne corrélation inter- et intralaboratoires des résultats obtenus avec les différentes techniques de détermination de la sensibilité avec une reproductibilité supérieure à 90 % [60].

Les données de la littérature révèlent une grande disparité au niveau de la sensibilité des Nocardia aux antibiotiques en fonction des espèces. Néanmoins, certaines tendances générales peuvent être dégagées pour les espèces classiquement identifiées.

Toutefois, il sera nécessaire de réévaluer ces

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